Úrsula Hilaria Celia Caridad de la Santísima Trinidad Cruz Alfonso dit Celia Cruz, surnommée « La Reine de la Salsa », n’était pas qu’une icône musicale ; elle était aussi une figure de puissance féminine dans un univers dominé par les hommes. Née à La Havane en 1925, elle a conquis le monde avec sa voix imposante, son style flamboyant et son cri devenu légendaire : « Azúcar ! ». Derrière son charisme et ses rythmes entraînants, se cachait une femme engagée, consciente des réalités sociales et culturelles, notamment celles que vivent les femmes afro-latines.
Par ses paroles et ses choix artistiques, Celia Cruz a défendu la dignité, la beauté et la force des femmes, particulièrement celles souvent marginalisées dans leur société. Dans des chansons comme « La Negra Tiene Tumbao », elle valorise la femme noire libre, fière de ses racines et de son identité. Au-delà du divertissement, Cruz utilisait sa musique comme un espace de résistance contre les oppressions, y compris celles que les femmes subissent dans leur foyer.
Même si elle n’a jamais ouvertement mené une campagne politique, Celia Cruz a souvent dénoncé les injustices à travers ses textes ou en soutenant des initiatives communautaires. Elle s’est exprimée en faveur des femmes victimes de violences conjugales, encourageant dans certaines interviews les femmes à ne pas « souffrir en silence », à se libérer des chaînes de la peur et à chercher leur indépendance, même dans les contextes les plus conservateurs. Elle incarnait une forme de militantisme culturel, à travers une parole forte, libre, et résolument féminine.
Aujourd’hui encore, Celia Cruz demeure une source d’inspiration pour les femmes du monde entier, particulièrement pour celles qui luttent pour leur voix et leur liberté. Son héritage ne réside pas uniquement dans ses disques vendus ou ses concerts légendaires, mais dans l’audace d’avoir été une femme noire, libre et puissante dans une industrie qui voulait souvent la faire taire. Sa musique continue de faire danser, mais surtout de faire réfléchir.
Mary Stephanie Laguerre
